DES CHEVALS, Bodson Gallery
24 juin 2014 9:11 par artcontestDES CHEVALS
Curated by Anne-Catherine Lacroix et Sébastien Bonin
Quand le naturel revient au galop
Des Chevals rassemble 7 peintres belges issus de la même génération. La sélection s’est concentrée sur des pièces en noir et blanc, ou bichromatiques, se situant parfois davantage du côté du dessin, du négatif photosensible ou du collage. La photographie est en quelque sorte mise en abîme, remontant à ses origines, et c’est tout le signe qui est à son tour questionné. Brouillant les catégories, image et peinture se confondent, l’allégorie se substituant à l’original et inversement.
Les limitations esthétiques ou institutionnelles s’évaporent peu à peu dans le contexte prolifique actuel de la scène artistique bruxelloise. Sorties de leurs frontières territoriales et affranchies des conventions, les pratiques se sont éclatées. On assiste à une redéfinition en cascade des critères. Une conséquence peut-être des fenêtres ouvertes sur l’espace cosmique que sont les écrans de nos téléphones et ordinateurs, contribuant peu à peu à abolir les frontières physiques connues.
Des Chevals nous parle de ce rapport à la physicalité de nos corps, sans nostalgie louche et l’air de rien, comme si un des constats possibles était qu’il nous est devenu inconcevable de juger l’art autrement qu’avec notre corps.
Pour Des Chevals, les tempéraments sont tous très différents et à priori rien ne relie entre eux ces 7 artistes. La gestuelle est forte et fluide chez Julien Meert sans être pour autant démonstrative d’un quelconque héroïsme; chez Tim Onderbeke, elle est plus mécanique et rappelle à certains égards le travail sériel d’une machine indisciplinée se rebellant face à l’autorité. La gestualité en camaïeu de Frédéric Dumoulin suggère sans maniérisme des motifs paysagés. Dans le travail de Dieter Durinck les images imprimées sont traitées sans hiérarchie. Les puzzles de Dimitri Carez nous renvoient quant à eux à une énigme sourde, chargée de références conceptuelles mais composée avec un soin tout à fait pictural. Pierre Konder ajoute des couches qui s’annulent les unes les autres, pour ne laisser que la trace de leur passage. La peinture de Laurent Veldekens, où support et médium se confondent, apparait comme le résultat d’une action violente: maltraitée, elle confine au fétiche.
René Magritte a dit: “L’art n’a pas plus à être wallon que végétarien”. Cette sorte d’appartenance à la non-appartenance à laquelle l’exposition fait allusion rappelle d’autres peintres de l’histoire belge, aux pratiques singulières indomptables, pour qui territoire bâtard équivaut à expérimenter une liberté sans bavardage.
Céline Gillain
until 13 septembre 2014